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Par HUM MÉDIA
18 avr. · 6 mn à lire
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#34 Le sentiment des choses

Au sommaire: le portrait d’un lieu hors du temps, la Villa Necchi, des envies durables pour se désaliéner des objets, des adresses pour se poser loin de la fureur de la Design week de Milan et explorer le film et l’œuvre Dune, sous l’angle de la fable écologique.

Le sentiment des choses

Illustration ©Alice Bay LaurelIllustration ©Alice Bay Laurel« On regrette toujours d’avoir jeté à un certain moment de sa vie. Mais si on ne jette pas, si on ne se sépare pas, si on veut garder le temps, on peut passer sa vie à ranger, à archiver la vie. » Marguerite Duras dans La Vie matérielle.

Dans le podcast Chaleur Humaine, Benoit Heilbrunn, professeur de marketing et auteur de plusieurs ouvrages sur la consommation, résume les choses ainsi : au Moyen Âge on côtoyait environ 200 objets au cours d’une vie désormais c’est en moyenne 20 000. Des objets dont on peut sans trop se tromper considérer qu’ils vont de l’utile au futile. Dans cette marée montante de nouveaux objets qui vont et viennent dans notre vie et ont pour vocation de tout rendre plus simple, de nous faire gagner du temps ou au contraire de nous occuper, on peut légitimement se demander si on n’aurait pas égaré notre âme entre un robot et un presse agrumes. On a donc décidé d’aller au cœur des choses puis d’en revenir. D’inventorier, d’interroger notre rapport aux objets, d’essayer de mieux les choisir peut-être pour mieux les garder et les aimer.

La Villa Necchi Campiglio, gardienne de l’héritage culturel de Milan, entre beauté et émotion

Immortalisée dans le biopic House of Gucci, la villa est bien plus que le théâtre d’un décor de cinéma. Cet écrin de beauté et de verdure, se déclare comme porte-drapeau de la cause environnementale et de la préservation du patrimoine culturel milanais.

En plein cœur de Milan, derrière des murs qui préservent son mystère, se cache la Villa Necchi Campiglio. Construite entre 1932 et 1935 par l’architecte Piero Portaluppi, cette demeure d’avant-garde fut commandée par les sœurs Necchi Campiglio, représentantes d’une bourgeoisie passionnée d’art et de beauté. Dès ses origines, la villa fut pensée comme un lieu de modernité et d’élégance, mêlant le luxe discret à la pointe de la technologie de l’époque. Aujourd'hui, elle se dresse, un peu à l’écart de l’agitation urbaine révélant son charme à ceux qui passent ses portes. Cet endroit est bien plus qu’une simple demeure historique ; c’est un havre de paix où la nature et l’architecture coexistent en parfaite harmonie. C’est ici, au milieu de ce jardin éveillé par les premières fleurs du printemps, que nous avons eu le privilège de rencontrer Costanza Pratesi, responsable Paysages et Patrimoine chez FAI, le Fond pour l’Environnement Italien et responsable de l’exploitation et de la préservation de la Villa Necchi depuis 2008.

La beauté comme vecteur d’engagement

Côté jardin, le bruit de la ville a été remplacé par le murmure apaisant du clapotis de l’eau de la piscine. Au milieu des visiteurs, des chalands et des oiseaux printaniers, nous avons échangé sur l’importance de la beauté pour mieux captiver les visiteurs. Pour susciter un engagement, il est crucial de toucher à la fois les émotions et la raison de chaque individu. La Villa Necchi Campiglio, avec son intérieur élégant et son extérieur foisonnant, sert précisément de catalyseur pour une prise de conscience. Elle permet de montrer que l’engagement écologique n’est pas seulement une question de rationalité mais aussi de ressenti face à la beauté de notre environnement. « Il n’est pas nécessaire de recourir à des messages d’urgence ou de catastrophisme », me précise Costanza. « Parler de l’écologie au quotidien, dans un cadre aussi serein, permet de rendre la cause plus douce, plus proche de chacun. »

Préserver le patrimoine pour protéger l’environnement

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